
Réalisé par Philippe Lioret
avec Vincent Lindon, Marie Gillain, Amandine Dewasmes
Français – Drame
2h00 – sortie novembre 2011
Cinéaste du réveil de la conscience individuelle dans un contexte social injuste, comme celui à Calais d’un maître nageur confronté au sort d’ un jeune migrant dans «Welcome», Philippe Lioret récidive en relatant le parcours de deux juges en croisade contre les pratiques bancaires favorisant le surendettement.
A la grande stupeur de sa hiérarchie qui menace de sanctions disciplinaires, Claire (Marie Gillain) Présidente du Tribunal d’Instance de Lyon a rejeté la requête d’une société de crédit priée de reconsidérer le montant de sa créance. La débitrice, Céline (Amandine Dewasmes), au RMI, élevant seule deux enfants avec 600€ par mois, voit ses remboursements mensuels de 440€ , cumulant intérêts et pénalités, provisoirement gelés. Les deux femmes, parentes d’élèves dans la même école, se connaissent de vue, mais la mansuétude du jugement a des causes plus personnelles. Claire a vécu dans l’enfance, les affres similaires des sommations d’huissier au foyer d’une mère prodigue et au père disparu. Soupçonnée de partialité, elle est dessaisie du dossier, au bénéfice du juge Stéphane (Vincent Lindon).
Fasciné par cette femme engagée et combative, atteinte d’un cancer incurable du cerveau et qui peine à conserver la tête hors de l’eau car les plaies du passé ne sont pas guéries, Stéphane va lui prêter main forte. Et retrouver l’élan du jeune juriste pour qui le droit signifie l’équité, éclairé par l’expérience: «Le crédit c’est la consommation et la consommation, c’est le système et le système on n’y touche pas». Dans un milieu conservateur, il faut donc faire appel à la Cour de Justice Européenne gardienne du droit de la concurrence, pour espérer une évolution de la jurisprudence en faveur des victimes de surendettement.
A partir du récit de faits réels, tiré d’un roman d’Emmanuel Carrère , qui interrompait ainsi sa galerie de portraits égocentriques et torturés (l’adversaire, Limonov…), pour découvrir l’autre versant de l’âme humaine, fraternelle et porteuse de valeurs éthiques (d’autres vies que la mienne), «toutes nos envies» tisse la toile des sentiments délicats à la rencontre des causes justes. Stéphane et Claire partagent le même instinct de protection, lui pour elle, indéfectible soutien silencieux, respectueux, chêne solide croisé par bonheur, au soir d’une vie, elle pour ses proches, en femme de tête devenue juge au fond pour exorciser l’injustice, se heurter à une forteresse imprenable et tenaillée par l’urgence, triompher malgré tout en préparant la suite….