
Réalisé par Boris Lojkine
Avec Justin Wang, Endurance Newton, Dieudonne Bertrand Balo’o, Bobby Igiebor…
L’idéal d’une France patrie des droits de l’homme et terre d’asile selon les principes issus de la Révolution française n’est plus qu’une image d’Épinal à l’heure des codifications de l’espace Schengen, des centres de rétentions et du refoulement musclé des clandestins, hommes femmes ou … enfants. L’africain sans papiers sert d’épouvantail à la progression d’une idéologie de rejet de l’autre et la fermeté à son endroit prévaut sur la bienveillance à droite comme à gauche comme en témoigne l’ensemble des traités européens votés par les partis de gouvernement français pour « lutter contre » l’immigration clandestine. Cette politique de la « défense des frontières » passe sous silence les causes profondes des drames subis par les anciennes colonies sous régimes despotiques que les puissances occidentales économiquement intéressées soutiennent, leur bellicisme foncier qui favorise les marchands d’armes, le pillage des ressources par les multinationales américaines ou européennes. Hormis une caste de notables corrompus, le peuple manque de tout, de sécurité, de travail, de nourriture, d’eau. Aussi les jeunes Nigériens, Congolais ou Camerounais font-ils le choix ultime de s’expatrier au péril de leur vie vers un eldorado imaginaire comme la France où chacun pourra manger à sa faim. Hope raconte la sidérante odyssée de ces migrants à travers le Sahara jusqu’à la rive marocaine et l’embarquement dans un petit bateau vers l’Espagne.
On y découvre un véritable chemin de croix que l’occidental fervent de pérambulations balisées genre marathon des sables ou randonnée de Saint Jacques de Compostelle ne peut guère concevoir tant la violence est omniprésente, dans le désert ou les villes traversées. Les migrants voyagent en groupe pour se protéger des sévices des pillards. Parmi eux, une jeune femme Hope (Endurance Newton), qui repérée lors d’un barrage de nuit est violée par les militaires. Au petit jour, Léonard (Justin Wang) la prend sous son aile mais pour servir de monnaie d’échange à l’arrivée en Ville, afin de s’adjuger les faux papiers et les services d’un passeur de frontière. Toujours à la merci de la police algérienne ou marocaine, les migrants se réfugient selon leur nationalité dans des squats constitués de maisons ou d’usines abandonnées dirigés par un chairman véritable chef de gang qu’il faut rétribuer par tous moyens, larcins ou prostitution. A cause des rafles, l’insécurité est aussi grande dans les forêts occupées par ces mêmes clandestins postés dans les zones frontalières. Le péril est également mortel au franchissement des frontières de barbelés sans parler de la traversée en mer.
Boris Lojkine filme cette effrayante aventure avec un réalisme jamais montré à l’écran. La capacité d’endurance des migrants à vivre un tel enfer donne la mesure de la puissance d’attraction mythique que Paris, Londres ou Berlin peuvent signifier dans la conscience d’un jeune Africain. A l’image de l’Amérique au 19ème siècle, les pays européens incarnent la terre promise comme remède aux difficultés dévastatrices subies au Mali, au Niger, au Tchad. L’exode et le risque d’y laisser sa peau sont entièrement assumés par ces baroudeurs du Sahara nantis pour seul bagage d’un petit sac à dos et d’un courage à toute épreuve. Au fil des déchirements du récit, Hope et Léonard d’abord unis par la seule conjoncture utilitaire bâtissent une complicité amoureuse qui renforce les chances de survivre au calvaire enduré. L’amour partagé est un atout pour le migrant clandestin dont le martyre n’est pas terminé…
[…] Menacées à dix huit et dix sept ans par des individus en armes dans un bidonville Colombien, Norma et Sonia partent en expédition périlleuse jusqu’à la frontière Étasunienne distante de cinq mille kilomètres. « Avant la chute » décrit le chemin de croix de ces deux jeunes migrantes, infesté de détrousseurs , d’assassins, de kidnappeurs qui nourrissent les filières de l’esclavagisme sexuel et identique au calvaire vécu aux portes de l’Europe, en Afrique du Nord, retracé au cinéma par Boris Lojkine https://www.cine-fil.com/hope/. […]