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La desintégration

20 février 2012 par Jacques

De Philippe Faucon
Avec
Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Ymanol Perset

 

Dans l’enceinte d’une cité Lilloise d’HLM, une centaine de musulmans se rassemble pour la prière et le sermon de l’Aïd al kabïr, la fête du sacrifice qui marque la soumission du prophète à Dieu et un progrès dans l’histoire de la civilisation musulmane, l’archange substituant un mouton au fils d’Ibrahim. L’idée du sacrifice humain recule jusqu’au retour périodique du refoulé et l’ avènement du Jihad contre l’Occident. Philippe Faucon aborde de front la question du recrutement dans les banlieues de volontaires pour le terrorisme, sur le terreau des frustrations nées de l’échec radical des processus d’intégration. La des/intégration exprime à la fois cet échec qui fait le lit des fondamentalistes armés et la perpétration de l’attentat lui-même.

 

Ali échoue à trouver un stage en entreprise qui clôturerait la préparation de son bac pro en gestion des automatismes programmés et après 108 demandes toutes aussi vaines, abandonne l’école, dégoûté, refusant de surmonter sa frustration grandissante et de se battre encore selon la recommandation du frère aîné. Une frustration avivée par l’hospitalisation du père, au terme d’une vie de labeur. Que Djamel excellent dialecticien saura exploiter et canaliser. Son rôle: repérer les jeunes exclus, mûrs pour la rébellion face à l’ordre injuste, réveiller leur sentiment d’appartenance (reste avec les tiens pour lutter contre ceux qui représentent un danger), tuer toute idée d’une intégration possible dans la société française (dès que vous voulez faire autre chose que tenir un marteau piqueur, ils veulent plus de vous), identifier l’ennemi (tu n’as pas fini de sentir le racisme dans ton dos), échafauder un idéal de combattant (vos frères sont les moudjahidines qui se battent à Gaza, ne gaspillez pas votre énergie à brûler des voitures), rompre avec sa famille devenue trop française et s’entraîner au Jihad, en forêt, l’arme au poing. Et au terme du processus, exalter le courage individuel ( la mort est redoutée des impies, pas des moudjahidines, c’est pourquoi elle est une arme de destruction massive).

 

Avec nuance et probité, la des/intégration dresse le constat d’un échec du modèle républicain d’intégration pour la nouvelle génération issue de l’immigration des pays du Maghreb. Comme l’Imam, la mère d’Ali prêche une religion de la tolérance, mais la résignation des aînés n’a plus cours dans la société actuelle. La discrimination fait place à haine, à la mesure des frustrations engendrées. Canalisée, exploitée par des idéologues, elle produit des bombes humaines. La des/intégration invite d’urgence à reconstruire un modèle social qui dévalorise au lieu de promouvoir. L’actualité politique nous y convie.

 

 


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