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The Walk, rêver plus haut

30 décembre 2015 par Jacques

Réalisé par Robert Zemeckis

 Avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte le Bon…

Animés de l’esprit novateur et conquérant d’Icare, d’authentiques héros ont cherché à vaincre les lois naturelles comme la pesanteur.  On ne confondra pas ces artistes célestes avec l’invétéré écervelé qui joue sa vie à la roulette russe un soir de défi entre copains en mal d’émotions fortes. Le sport à risques ne souffre d’aucune improvisation fantaisiste. Héritier des danseurs de corde du Moyen Age, le funambule a déserté aujourd’hui l’espace public entravé  par des normes de sécurité insurmontables et ne se produit plus que dans les cirques. L’exploit universel dés lors ne peut s’apparenter qu’à un sensationnel  détournement. A l’issu d’un parcours semé de chausses trappes,  un jeune funambule français  parvint à tendre clandestinement un câble à plus de 410 m du sol entre les deux tours jumelles du World Trade Center  le 7 Août 1974 et à arpenter le ciel New New-yorkais pendant près d’une heure.  Les étapes de cette splendide prouesse forment la matière du dernier film de Robert Zemeckis  The Walk, rêver plus haut.

the walk ensemble

Jongleur,  acrobate et funambule autodidacte,  Philippe Petit ( Robert Gordon Lewitt) veut conquérir le pavé parisien. En saltimbanque des rues tout de noir vêtu, en magicien coiffé d’un haut de forme, il trace à la craie un cercle parfait, l’espace sacré d’exercice de son art, inviolable par le spectateur profane mais il est chassé par la maréchaussée aussitôt qu’il s’engage sur une corde tendue entre deux platanes. Ailleurs, son spectacle est dénaturé, ridiculisé même par la concurrence sous ses pieds d’un saugrenu concours de pêche en étang! Cette première partie du film trouve le ton de l’espièglerie, dessinant en noir et blanc un Paris magique avec ses spectacles de rue, ses baladins, ses chanteurs. Pour s’imposer et marquer les esprits de son empreinte, notre artiste boudé par les autorités et le monde du spectacle doit donc prendre de la hauteur. C’est entre les deux tours de Notre Dame qu’il tendra sans autorisation son fil une nuit de Juin 1971 avec l’aide de son amie Annie Plix (Charlotte Le Bon), chanteuse de rue contestataire. Au matin, le public massé sur le parvis pourra alors saluer chapeau bas les exploits de cet étrange oiseau noir qui avance pas à pas, s’assied sur le fil, se redresse,  jongle avec des quilles puis s’allonge, se relève enfin pour saluer une foule compacte médusée quatre vingt mètres plus bas. A l’issu de ce spectacle hors norme mais peu salué par la France Pompidolienne, il est appréhendé par la Préfecture de Police.

the walk le couplee

Alors, toujours plus haut, toujours plus seul, toujours plus spectaculaire au yeux du monde qu’il faut frapper d’incrédulité, c’est désormais entre les tours les plus hautes de la planète fraîchement inaugurées que l’équilibriste hors norme veut poser son fil. La seconde partie du film s’apparente à la préparation enjouée d’un audacieux fric frac digne d’une excellente comédie policière. Papa Roudy ( Ben Kingsley) funambule expérimenté d’un grand cirque parisien à la fois roublard et perspicace a enseigné à son poulain l’art de la fixation des câbles haubanés par des « cavalettis » qui limitent l’effet de tangage. En repérage au pied des tours, notre voltigeur du ciel mesure l’étendue extraordinaire de son défi face à ces monstres d’acier de béton et de verre. Le suspense va grandissant à mesure du franchissement des étapes des préparatifs, le recrutement d’une équipe fiable,  les calculs géométriques, le transport du matériel à pied d’œuvre, au cent septième étage technique, à l’aide de déguisements d’ouvriers, de techniciens ou d’architecte. Au cœur de l’ultime nuit, la patrouille des vigiles peut encore faire capoter la manœuvre complexe et périlleuse d’amarrage des filins. Mais le jour se lève sans complications prêt à dévoiler le mythique ballet!

the walk premier pas

Le cinéma populaire à son meilleur parvient à recréer la féerie de l’enfance, celle des contes et légendes ou le frein suprême, la peur se dissous dans l’action chevaleresque. Tétanisé sur son siège, le spectateur, par la magie des ressources de la perfection numérique est, dans la troisième partie du film, plongé dans une aventure bien réelle, confronté au vertige démesuré! Respirer, maîtriser l’émotion avant de s’élancer dans une autre dimension quand les nuages se dissiperont, les pas du funambule vont vers l’inconnu, sont un hommage au ciel, au fil  qui le porte, aux tours magiquement reliées,  à la multitude immobile des terriens salués dignement avec l’élégance du matador. Huit traversées se succéderont dans un silence de tombe,  mais sans chute possible tant la gestuelle artistique accapare et force à la concentration absolue. C’est le miracle insolite  d’un homme si haut perché qu’une mouette vient le contempler, à la station couché sur le dos.  Prodige du cinéma capable de nous angoisser dans l’éclaircie matinale au départ de l’exploit, de reproduire le souffle du vent se levant ou le vertigineux trafic d’une cité abyssale! Robert Zemeckis rend hommage à un parcours d’extraterrestre  qui seul contre l’adversité qui atrophie  maintient allumé les lampions de la fête, ceux  de la vie rêvée des voyages extraordinaires.

the walk philippe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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